Mise en oeuvre expérimentale d’une preuve à divulgation nulle relativiste
Par
Claude Crépeau
Université McGill
Jeudi Dec 9, 15:30-16:30 EST
Au AA 1340 et sur zoom
Pour assister à la conférence, remplissez le formulaire Google avant mercredi 8 déc, 19h.
Résumé:
Dans de nombreuses situations, il semble inévitable de devoir révéler une information secrète, par exemple, au moment de s’identifier à un guichet automatique. Ceci peut néanmoins avoir de graves conséquences dans le cas improbable, mais réaliste où le guichet aurait été trafiqué par des criminels. Par conséquent, une question se pose tout naturellement: est-il fondamentalement nécessaire de révéler de l’information secrète afin de s’identifier à un tiers? La notion de preuve à divulgation nulle, connue des cryptographies depuis les années 80s, permet à un prouver de démontrer l'existence d’une information secrète sans pour autant la divulguer. Dans cet exposé je ferai état de la mise en oeuvre expérimentale d’une preuve à divulgation nulle impliquant deux paires de prouveurs-vérificateurs. La sécurité de notre protocole repose sur le principe de relativité restreinte et aucunement sur des hypothèses calculatoires telles que l’existence de fonction à sens unique comme la plupart de telles preuves. Notre implantation est entièrement réalisée à partir d’équipements non spécialisés et fonctionne sur des distances courte (60m) et longue (400m). Nous démontrons ainsi la praticabilité des preuves à divulgation nulle à des fins d’identification dans le cadre relativiste. Basé sur un article qui vient de paraître dans Nature en collaboration avec Pouriya Alikhani, Nicolas Brunner, Sébastien Designolle, Raphaël Houlmann, Weixu Shi, Nan Yang et Hugo Zbinden.
Biographie :
Claude Crépeau est né à Montréal en 1962. Il détient une Maîtrise en informatique de l’Université de Montréal et un Doctorat en informatique du M.I.T. depuis 1990. Il a fait des recherches postdoctorales à l' Université Paris-Sud et a été titulaire d'un poste au Centre National de la Recherche Scientifique à Paris de 1991 à 2005. Depuis juin 1998, il est professeur agrégé à l'école d'informatique de l'Université de McGill. Claude oeuvre dans le domaine de la cryptographie depuis 1983. Ses travaux de nature théorique portent surtout sur les protocoles cryptographiques, dont les preuves à divulgation nulle (zero-knowledge). Sa principale contribution fut de proposer des modèles de sécurité non-calculatoires sur lesquels on peut fonder ces protocoles. On note en particulier le modèle basé sur la physique quantique et le modèle d'un canal bruyant. Récemment il a travaillé au développement d’un protocole zero-knowledge basé sur le principe de la relativité restreinte. En 1993, en collaboration avec cinq chercheurs internationaux, il a publié un article introduisant la notion de « téléportation quantique » lequel a été cité plus de 15000 fois depuis sa parution.